Médité. La seule activité qui me ramène à mon calme d’antan. A ma jeunesse, où je n’avais pas mon rôle. C’est là où je me retrouve au milieu de la nuit. Cette solitude où je ne suis plus qu’une créature avec de gros bras, mais une créature heureuse, seul, méditant.
Définir la méditation est quelque chose de difficile pour les mortels comme pour les dieux. Passé des heures à réfléchir, assis confortablement, rassasié, somnolant, laissant juste la réflexion nous emporté peut paraitre stupide ou ennuyeux pour un ignorant. Et les ignorants sont présents partout. Chez les mortels comme chez les dieux. Non pas que je me prétends savant, mais je me sais mon ignorant que des gens comme mon frère jumeau. Car contrairement à mon frère, j’ai réalisé le caractère précieux de l’existence. La seule différence qu’on a mise en place entre nous c’est notre pelage, et notre façon de voir le monde. D’un côté il y a moi, Cephei, très pragmatique, qui voit l’univers comme un cube, quelque chose de carré, mathématique, avec des précisions exactes, remplis de choses. Akon lui est bien plus libertaire dans sa vision du monde. Il voit plutôt l’univers comme une sphère cassée. A vous de voir la symbolique.
C’est en passant du temps à observer mes petits enfants et le peuple que j’ai en partie crée que je réfléchis. Mon fils est toujours aussi décadent. Comme avant le « grand ménage », il se bourre la gueule, se drogue comme pas possible, fornique énormément…bref. C’est la luxure incarnée, et il me fait un peu honte. Mais je l’apprécie. Ou du moins, si je comprends cette notion « apprécier ». Après la mort de Cthulu lors de la précédente incarnation de Yunko, j’ai commencé à réfléchir vu que j’ai failli crever, et c’est le fait que je ne l’ai pas arrêté a temps qu’une partie d’un continent fut détruit…
J’étais très en colère après cette défaite, car j’ai réalisé que je n’aurais pas du combattre. Nombreux sont les philosophes ou stratèges militaires qui vous le dirons : parfois pour gagner, il ne faut pas combattre. Cela fait donc 600 ans que je ne fait que trois choses : mon travail de dieu des morts c'est-à-dire trié les âmes, parmi les plus méritantes, médité, et faire du voyeurisme. Vous imaginez le peu de surprise que j’ai ? Mais bon, il y a bien des gens qui ont passé des mois dans des grottes sans nourriture et sans eau, d’autres qui errent pendant des années, voir des décennies, et d’autres qui souffrent pendant des millénaires. Ce fut le cas de quelques dieux. Et malheureusement de quelque mortel. L’un d’entre eux, c’est Jésus.
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